mercredi 2 septembre 2015

La marque de cosmétiques façon "Secrets d'histoire" !


Si l'on se montre très objectif, force est de reconnaître qu'on n'assiste pas à la naissance de 250 nouvelles marques françaises canonissimes chaque année... Bien sûr, il s'en lance tout un paquet (et je suis d'ailleurs à chaque fois admiratif de ces entrepreneurs qui osent se lancer sur ce marché parmi les plus concurrentiels) mais peu au final réussissent l'équation gagnante entre positionnement intelligent et original + vraie identité sans alter égo dans les marques déjà existantes + produits efficaces + packaging attractif + formules extrêmement sensorielles + composition clean. Ce n'est d'ailleurs pas sans raison que les principaux distributeurs de cosmétiques, que ce soit Sephora, Birchbox, The Beautyst, Mon Corner B, Oh My Cream... ont souvent tendance à aller chercher à l'étranger les petites pépites cosmétiques qu'ils proposent (même si parfois, je trouve qu'ils pourraient justement faire un effort et être un peu plus "patriote" avec les quelques belles marques françaises qui sortent du lot). Bref, tout ça pour vous dire qu'aujourd'hui, je voulais vous présenter une jeune marque dont on entend jamais parler sur la blogo et qui pourtant mérite, à mon humble avis, qu'on s'y intéresse car elle est le fruit d'un joli travail... Son petit nom ? Buly 1803. 

Bon, 1803, l'année vous met sacrément la puce à l'oreille et avec la photo d'ouverture de ce billet façon vieil apothicaire en indice supplémentaire, vous vous doutez bien que la marque n'a pas choisi comme créneau les cellules souches produites par les éoliennes à ultra-diffusion sonique vectorisée, mais quelque chose d'un brin plus ancestral ! Bref, vous le savez vous, ce qui s'est passé en 1803 ? Mais non, je ne vous parle pas de la naissance de Line Renaud, faîtes un petit effort quand même ! Allez je vous aide un chouille car cette histoire n'était pas dans nos manuels d'histoire au lycée ! 1803, c'est l'ouverture par Jean-Vincent Bully de son officine parisienne située rue Saint Honoré. Le nom de ce Monsieur ne vous dira probablement rien mais à l'époque, il faisait partie des parfumeurs et cosméticiens les plus reconnus. Il se distinguait par son intérêt pour les découvertes de la science - encouragées si j'ai bien tout compris par une circulaire de Napoléon - et était même à l'origine de produits très prisés à l'époque, comme par exemple son vinaigre de beauté (on parlera bientôt de cette famille de produits, j'ai un billet dans les cartons à ce propos) qu'on pouvait utiliser pour la toilette. 


Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin (c'était le proverbe ringard du jour, ne me remerciez pas, ça me fait plaisir de vous l'offrir), l'endroit ferma ses portes quelques décennies plus tard. Et c'est l'année dernière et sous l'impulsion d'un couple d'entrepreneurs (plus que reconnu dans l'univers de la beauté et de la mode) que Buly a rouvert ses portes (en perdant un "L" au passage). Et l'exploit dans tout ça, c'est qu'on a l'impression dès qu'on passe la porte du magasin, dorénavant situé Rue Bonaparte juste à côté des bouquinistes sur le bord de Seine, d'être propulsé au 19ème siècle. Limite j'aurais voulu porter une redingote pour être vraiment raccord avec l'endroit !

Il faut dire que les moindres détails ont fait l'objet de la plus grande attention. Les peintures au plafond charpenté, le sol en terre cuite, des éviers en marbre, les imposants meubles en ronces de noyer dans lesquels trônent des dizaines et dizaines de fioles en verre sur lesquelles sont collées des étiquettes comme vieillies par les années... on a beau savoir que l'endroit est tout jeune, il a pourtant le cachet et le charme inimitable de ces lieux empreints d'histoire. Et parce que le diable est dans le détail, rien de mieux qu'un peu de musique classique (ah bah c'est sûr que ça nous change du "boum boum" de certains magasins) et des vendeuses en blouse bleu marine et au charme suranné. Je crois sincèrement que c'est l'une des premières fois où un magasin de beauté arrive tant à me transporter physiquement dans un autre univers.

Et si rien que cela est déjà une belle performance, j'étais surtout venu là pour en apprendre un peu davantage sur les produits (made in France d'ailleurs) signés Buly. Premier constat, il y en a finalement assez peu, une dizaine de références peut-être. Évidemment, des choses d'apparence très basique (je vous avoue qu'on imagine assez mal un peeling BB cream dans cet endroit !) à l'instar d'une crème visage, d'une eau micellaire, d'un lait démaquillant, d'une crème de rasage, d'une crème mains et pieds, d'un lait pour le corps, d'une huile de douche... Rien de très excitant sur le papier me répondrez-vous sauf que les produits en question portent des noms délicieusement désuets (Lait Virginal, Huile Antique, Eau Superfine, Pommade virginale, Eau Rectifiée...) et sont conditionnées dans des flacons absolument sublimes, et cela qu'il s'agisse des écrins en verre blanc décorés d'une étiquette façon toile de peintre et surmontés d'un lourd bouchon métallique ou encore des tubes en aluminium au design si singulier. C'est bien simple, on les voudrait tous. 


Et encore plus lorsqu'on sait que leurs formules - sans parabens, sans phénoxyéthanol, sans silicone, je le précise car je sais que c'est important pour certains d'entre vous - s'appuient sur l'efficacité d'ingrédients rigoureusement sélectionnés pour leur grande qualité. Des actifs choisis aux 4 coins du monde par les deux créateurs de la marque mais ça j'y reviendrai un peu plus tard car il y a des choses amusantes à raconter... Mais avant ça, je voulais juste vous parler des parfums Buly car si la moitié de l'offre de la marque concerne les soins de la peau, elle mise aussi sur son savoir-faire reconnu en matière d'effluves (et oui, Bully était avant tout un parfumeur, ne l'oublions pas). Et là, je vous avoue que je me suis retrouvé particulièrement surpris (c'est pour ne pas dire "con") lorsque la vendeuse a commencé à me parler de leurs parfums... sans alcool ! Dans ma tête, c'était absolument impossible d'un point de vue formulation et il me semblait d'ailleurs que même les parfums bio utilisaient de l'alcool. De l'alcool bio certes, mais de l'alcool quand même. J'ai donc fais répéter à la jeune femme ce qu'elle venait de me dire et elle m'a alors bel et bien confirmé qu'il s'agissait du premier parfum... à l'eau ! 

Scotché, que j'étais ! Comme quoi, on en apprend tous les jours en matière de beauté. Elle a alors ajouté que l'alcool aidait à faire des pyramides olfactives complexes, chose qui n'était pas possible ici et que par conséquent, chaque parfum ne se composait que de 3 notes (d'où d'ailleurs leur nom d'Eau Triple). Je redoutais un peu de me retrouver face à des parfums très linéaires et limite proche d'un soliflore mais en fait, pas du tout. Mais alors, pas du tout du tout. Bergamote de Calabre, Lichen d'Ecosse, Makassar, Miel d'Angleterre, Bigarade de Séville... chaque fragrance sonne comme une invitation au voyage. Je les trouvais tous vraiment bien travaillés jusqu'à ce que la découverte de Tubéreuse du Mexique me les fasse immédiatement oublier. J'ai littéralement adoré ce parfum que, comme d'habitude, j'aurais toutes les peines du monde à vous décrire. Il est original, racé, sensuel... un pur délice.

Du coup évidemment, j'ai voulu l'essayer sur peau. Sensation très amusante car ce qui sort du flacon lorsqu'on le spraye ne ressemble en rien à un parfum alcoolisé mais à une sorte de lait corporel très fluide ! Évidemment, mauvaise langue que je suis, j'avais en tête que cela allait avoir à peu près autant de tenue qu'une candidate de téléréalité un peu pompette mais puisqu'il ne faut pas se fier aux apparences, j'ai pu constater une fois de plus qu'il fallait que j'arrête les préjugés. Cela sentait toujours aussi délicieusement bon à la fin de la journée (que j'ai passé à me sniffer le poignet, les gens ont du me prendre pour un détraqué), bien plus en tout cas que mon Diptyque d'amour. Bref, une odeur qui risque de devenir mienne un jour (et pour la petite info, tous les soins du corps Buly sont personnalisables avec l'ensemble de leurs parfums à l'eau, ça sent le craquage pour l'huile de douche...). 


Ce billet commence à être long et vous savez déjà qu'il existe dans Paris un endroit 1) sans aucun équivalent en France 2) proposant des produits terriblement originaux 3) et les premiers parfums à l'eau du monde. Normalement, vous devriez déjà être en train de mettre vos baskets tout en cherchant l'itinéraire le plus proche pour vous y rendre. Mais si vous aviez encore besoin d'être convaincu, sachez que cet endroit est aussi... une sorte d'Aroma Zone version grand luxe ! Car les grandes fioles dont je vous parlais tout à l'heure ne sont pas là que pour la déco, non non non je ne veux pas prendre l'air (tiens, elle devient quoi d'ailleurs Camelia Jordana ?). Elles renferment des trésors pour la peau qu'on peut acheter pour réaliser soi-même ses produits de beauté. 

Des huiles végétales bien sûr, une quarantaine en tout, allant des plus classiques (Amande douce, pulpe d'Avocat, graines de Bourrache...) aux plus originales (graines de Baobab, fruits de Calophylle, macérat de racine de Consoude, graines de Melon Kalahari...). Inutiles de préciser que, quête d'excellente oblige, elles sont à chaque fois vierges et issues d'une première pression à froid ou en tout cas de méthode d'extraction préservant maximales les qualités du fruit, de la fleur, de la tige... dont elles sont tirées. En plus de cette offre déjà dingue, il y a aussi des hydrolats floraux, des poudres sèches de végétaux précieux (à mélanger avec une huile végétale par exemple pour en faire un exfoliant ou un masque), des argiles (et pas que de la blanche ou de la verte mais de la bleue, de la jaune, de la rosée, de la rouge ,de la verte illite, de la pascalite superfine...). Bref, si vous faîtes un peu de cosmeto homemade et recherchez des ingrédients de première qualité venus des 4 coins du monde, vous savez où vous approvisionner... 

Dans le même genre, sachez aussi que vous pouvez personnaliser chez Buly... votre pot-pourri (mon Dieu, ce mot est tellement peu enthousiasmant, c'est terrible). La vendeuse parle avec vous des odeurs que vous aimez bien et se lance dans un premier jet en mélangeant plusieurs éléments à sa disposition. Vous sentez, vous dîtes ce que vous pensez et on ajuste. Vous sentez de nouveau. Vous ajustez. Vous sentez de nouveau. Vous ajustez. Et cela jusqu'à avoir le parfum dont vous rêvez pour votre intérieur. Une fois que c'est bon, on note précieusement la recette qui deviendra vôtre, afin que vous puissiez obtenir exactement la même lorsque vous reviendrez quelques mois plus tard.
Tiens d'ailleurs, une petite parenthèse en parlant de "noter" car il faut quand même que je vous dise que pour chaque achat, les vendeuses écrivent sur le papier le produit dont il s'agit ou le nom de la personne si jamais c'est pour offrir à quelqu'un. "Et alors ça nous fait une belle jambe" me direz-vous. Et bien pas vraiment car elles le font de leur plus belle écriture puisqu'elles ont pour cela pris des cours... de calligraphie ! Le souci du détail, je vous l'avais bien dit. C'est magnifique, très élégant encore une fois, comme une vieille lettre écrite à la plume !

Vous en voulez encore ? Non mais vous êtes insatiable ma parole, c'est fou quand même ! Bon OK, encore un peu, mais c'est bien parce que vous insistez ! Je vous dirais juste pour finir de vous convaincre que l'endroit est aussi une sorte de cabinet de curiosités où l'on découvre des choses étonnantes et rares à un point que vous n'imaginez même pas. Des exemples ? Et bien cela peut aussi bien être de l'encens venue d'un monastère situé sur une île grecque interdite aux femmes, des pinceaux nettoyants et massants japonais, des brosses à dents en bois précieux,.. Des trucs encore plus dingues aussi comme par exemple une préparation ancestrale à base de fientes de rossignol qui parait-il est utilisée par pas mal de célébrités. Bien sûr, c'est tout sauf ragoûtant mais c'est amusant de savoir que ça existe "pour de vrai". Lors de mon passage, il y avait aussi une collection de peignes japonais en minerabi, un bois qu'on laisse pousser 300 ans, puis qu'on laisse reposer en cave pendant encore un autre siècle avant que le peigne, évidemment fabriqué à la main, ne baigne durant 3 ans dans de l'huile de camélia.

Vous l'aurez compris, j'ai pour ma part eu un vrai coup de coeur pour cette marque qui a réussi à venir avec une proposition unique, ce qui n'est quand même pas un exercice facile dans la beauté. J'ai du rester une trentaine de minutes dans le magasin et pendant ce laps de temps, il y avait tout le temps du monde... mais uniquement des touristes ! J'ai cru comprendre que la boutique figurait dans pas mal de guides touristiques et je le comprends aisément car en venant là, nos visiteurs du monde entier ont l'impression d'acheter un petit morceau de France (ce qui est toujours mieux que les opérations financières des qatariens et des chinois qui eux rachètent des morceaux autrement plus grands de notre pays !). Pour eux, Buly est probablement la quintessence de l'image qu'ils ont de la France et une escale obligatoire entre le Château de Versailles, Vuitton sur les Champs-Elysées et les Galeries Lafayette ! Tiens, à propos des Galeries, j'ai appris que Buly allait y faire son entrée prochainement, une bonne nouvelle qui permettra j'espère à la marque de se faire aimer dans son pays. Bien sûr, elle ne s'adresse pas à tout le monde (les produits sont quand même très chers, ne nous leurrons pas) mais elle vaut définitivement le coup d'oeil !

Allez, sur cet interminable monologue, je vais vous libérer ! Mais avant ça, je compte quand même sur vous pour me dire ce que vous inspire Buly ? Est-ce le genre de marques qui vous attire ou bien au contraire êtes-vous complètement imperméable à son esprit rétro ? Je trouve que c'est comme Secrets d'Histoire, l'émission de Stéphane Bern (culturel mais pas chiant) mais je comprends qu'on puisse ne pas y accrocher outre-mesure. Moi perso, je vais même aller jusqu'à lui attribuer mon prix du "dernier coup de coeur en marque française de cosmétique". Tiens d'ailleurs, par curiosité, à quelle marque vous donneriez ce prix vous, si vous le pouviez ? Eclaé ? Kadalys ? Ixxi ? Une autre encore ?!
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